Rentrée dans le monde d’après, on continue de ne compter que sur nous-mêmes !
Alors que le ministère de l’Éducation nationale a eu plusieurs mois pour se préparer à la rentrée de septembre, dont les deux mois de congés d’été et que ces derniers jours le ministre Blanquer pérorait dans les médias en indiquant que l’institution était prête, ce 31 août, les personnels ont pu constater l’étendue de l’impréparation. Les remontées de terrain de SUD éducation font état de très nombreux dysfonctionnements.
Alors qu’on demandait et qu’on aurait pu attendre des mesures exceptionnelles, qui seraient à peine venues compenser les manques accumulés (orchestrés?) depuis des décennies, les suppressions de postes, les fermetures de classes conduisent à accueillir dans des locaux exigus des classes surchargées, ce qui rend d’autant plus difficile le respect des règles de distanciation physique.
Le ministre Blanquer porte directement la responsabilité du désordre annoncé de cette rentrée pour laquelle il faut déjà anticiper des fermetures partielles ou totales d’écoles ou d’établissements. Ce sont les élèves qui en paieront en premier le prix, alors qu’il est important que le plus grand nombre possible reprenne le chemin de l’école. Et alors que les conditions de travail continuent de se dégrader pour tou.te.s, le ministre fait semblant de s’en préoccuper en lançant sa grande idée d’un Grenelle de l’éducation.
Pire, même après deux mois de confinement qui ont affecté psychologiquement et physiquement les personnels ainsi que les élèves, qui ont accru les inégalités entre les élèves au vu des contextes de confinement très différentes, les évaluations nationales sont prévues pour le 14 septembre…Du fait de leur contenu piégeux et déconnecté de la pratique des enseignant.e.s, du fait de leurs conditions de passation anxiogènes pour les enfants, du fait d’une collusion public-privé dans l’hébergement des données sur le serveur d’Amazon, du fait du mépris qu’elles constituent envers la liberté pédagogique…
Sud Education 31-65 continue de s’opposer fermement aux évaluations nationales, revendique leur suppression et soutiendra tou.te.s les enseignant.e.s qui se mobilisent et se mobiliseront contre ces évaluations !
En attendant la révolution dans l’éducation, voilà quelques pistes pour se protéger et faire valoir ses droits :
Quelles sont les procédures à suivre en cas de symptômes ou contacts avec une personne diagnostiquée positive ?
1. Je présente les symptômes du Covid-19, que dois-je faire ?
- Avertir son chef d’établissement / son IEN par simple courrier en informant que l’on ne se rendra pas sur son lieu de travail et que l’on va prendre rendez-vous chez son médecin traitant pour se faire diagnostiquer.
- Prendre rendez-vous avec son médecin traitant : en vertu du décret 2020-73 du 31 juin 2020, celui-ci doit faire un arrêt de travail spécial sans jour de carence.
- Se rendre dans un lieu de dépistage, avec ou sans ordonnance pour effectuer un test PCR (gratuit). En cas de diagnostic positif ; rester en quatorzaine et suivre les recommandations du médecin.
2. J’ai été en contact avec une personne diagnostiquée Covid-19, que dois-je faire ?
Si l’on apprend qu’une personne avec laquelle on a été en contact rapproché est diagnostiquée Covid-19 (soit parce qu’elle vous en informe directement, soit parce que la CPAM vous en informe), il faut :
- Avertir son chef d’établissement / son IEN par simple courrier électronique en informant que l’on ne rendra pas sur son lieu de travail et que l’on va prendre rendez-vous chez son médecin traitant pour se faire diagnostiquer.
- Demander à la personne diagnostiquée de transmettre son identité lors de son entretien avec la sécurité sociale, qui doit normalement vous transmettre rapidement un arrêt de travail sans jour de carence d’une durée de 14 jours à compter du dernier contact avec la personne diagnostiquée.
- Si la CPAM n’est encore entrée en contact avec vous : prendre rendez-vous avec son médecin traitant. En vertu du décret du 31 juin 2020, celui-ci doit faire un arrêt de travail spécial sans jour de carence.
- Se rendre dans un lieu de dépistage, avec ou sans ordonnance, 7 jours après le dernier contact avec la personne diagnostiquée positive en l’absence de symptômes. Le test PCR est gratuit et sans ordonnance.
- Respecter une quatorzaine à compter du dernier contact avec la personne diagnostiquée positive, même en cas de test négatif au bout de sept jour en suivant les consignes sanitaires disponibles sur le site de l’assurance-maladie. Cette période d’absence est couverte par un arrêt de travail et ne fait pas l’objet d’un jour de carence.
- En cas de test positif, suivre la procédure indiquée plus haut.
Quelles responsabilités envers les élèves en tant qu’enseignant.e.s ?
L’enseignant.e est responsable de la sécurité des élèves qui lui sont confié.e.s sur le temps scolaire dans le cadre de la salle de classe, dans le cadre des sorties et des activités qu’il/elle encadre. L’enseignant.e doit suivre les consignes de sécurité notamment sanitaires qui sont édictées par l’administration.
En particulier, dans le cadre de l’épidémie de COVID-19, la situation est certes exceptionnelle mais ne change rien concernant les procédures habituelles lorsqu’un enfant est malade ou se blesse dans le cadre du temps scolaire. Quand on constate qu’un.e élève semble souffrant.e, dans le second degré on l’adresse à l’infirmier.e scolaire qui avise ensuite les parents en fonction de l’état de santé de l’enfant; dans le premier degré, les directeur-rices ou les enseignant.e.s prennent contact avec la famille de l’élève.
Les enseignant.e.s n’ont pas de compétences en matière sanitaire et médicale, qui ne font nullement partie de leurs missions ou de leur formation. Ils et elles ne sont donc tenu.e.s qu’à l’obligation de prudence normale qu’ont les adultes au contact du public. Ils et elles ne peuvent être tenu.e.s responsables de n’avoir pas détecté un symptôme ou une maladie. La règle qui s’applique reste celle de la prévention et d’un renvoi pour avis vers le médecin scolaire ou la famille pour consultation. De même, les enseignant.e.s n’ont aucune obligation de moyen ou de résultat en matière de prévention ou de santé, qui demeurent la responsabilité exclusive de l’administration (et donc de la hiérarchie). L’administration ne peut en aucun cas se défausser de sa responsabilité sur un personnel devant un juge.
Fermeture du collège Badiou, les orphelin.e.s de la république
Mardi, jour de rentrée scolaire, le collège Raymond Badiou (ex-Reynerie) dans le quartier du Mirail à Toulouse, n’a pas ouvert ses portes aux enfants de ce quartier populaire…
A lire sur le blog de Médiapart ce texte d’une camarade qui y a travaillé, comme plusieurs d’entre nous :
https://blogs.mediapart.fr/fanny-monbeig/blog/010920/les-orphelines-de-la-republique
On n’oublie pas…
Privé d’école ? Ecole privée !
Ou comment JMB profite de la crise sanitaire pour accélérer la libéralisation de l’école, avec le concept de vacances apprenantes.
La stratégie est connue, claire, efficace et tranchante et a déjà fait ses preuves pour France Télécom, EDF-GDF, à la SNCF…
- suppression des moyens et mise œuvre d’une gestion managériale maltraitante pour les travailleur.euse.s
- constat du dysfonctionnement du service public
- libéralisation et privatisation
C’est au tour de l’école de faire face à cette logique, s’appuyant sur des années de détérioration des gouvernements précédents et profitant de la situation de la crise actuelle, le gouvernement en place accélère le pas !
« Vacances apprenantes » au supermarché :
Cet été, pour les enfants de celles et ceux qui n’ont pas eu la chance de partir en vacance après Nantes, il restait quand même les ateliers ou autres initiatives ayant obtenu le label « Vacances apprenantes ». C’est par exemple le cas pour la filiale immobilière des supermarchés Auchan qui ont pu mettre en place avec la bénédiction du ministère donc, des ateliers au sein de leurs magasins.
Pendant que les parents faisaient leur courses les enfants pouvaient rattraper leur retard scolaire, malin ! Le tout, accompagné d’une distribution de cahiers de vacances gratuites, en partenariat avec les éditions Hatier.
Libéral mais aussi sécuritaire : les poulets labellisés !
Car ce n’est pas tout. Le label vacances apprenante, sert aussi à la police de tremplin pour tenter de redorer son blason grâce au dispositif « Prox’ ». Au cœur des « quartiers », dits sensibles, une association de policier.e.s (Raid Aventure Organisation) a pu, toujours labellisée par le ministère donc, pour « renouer du lien entre la police et la population ».Des rencontres, du sport, des moments de paroles, et « l’un des temps fort du dispositif Prox’ est l’atelier «GTPI» où les policiers prennent le temps d’expliquer leur métier avec des démonstrations des gestes et techniques de protection et d’intervention, et des parcours d’obstacles en tenue de maintien de l’ordre. »
Les même gestes techniques qui ont prouvé leur efficacité pour blesser, tuer, réprimer au cœur de ces mêmes quartiers populaires et face aux mouvements de contestations. Apprendre c’est aussi apprendre la soumission pour le ministre.
2S2C
Le 21 avril, dans le cadre des annonces concernant la réouverture des écoles et établissements, le ministre Blanquer annonçait la mise en place des dispositifs 2S2C, pour “Santé, sport, citoyenneté, culture”. Ce dispositif est mis en place dans le cadre de conventions entre l’Éducation nationale et les collectivités territoriales. Le but affiché étant de favoriser la prise en charge des enfants en-dehors des écoles et établissements, pour permettre à ceux-ci et celles-ci de respecter l’application du protocole sanitaire.
Il apparaît maintenant clairement qu’il s’agit d’un nouveau cheval de Troie de la casse des statuts et une étape d’ampleur de la territorialisation de l’école. Le résultat en sera un transfert de compétences de l’Éducation nationale vers les collectivités, et de ce fait un accroissement des inégalités entre les territoires en matière d’offre de formation. Blanquer utilise ainsi cyniquement la crise sanitaire pour faire avancer son projet d’école libéral et réactionnaire.
Le projet consiste en effet à externaliser ce qui concerne le sport et les activités artistiques vers les collectivités. Que ce soit dans le premier ou le second degré, ces enseignements font intégralement partie des missions des personnels enseignants. Pour Blanquer, il s’agit là d’une nouvelle opportunité de recentrer les apprentissages scolaires sur le “lire-écrire-compter”, et d’éloigner l’école de la société. Pour SUD éducation, les activités physiques et artistiques font partie intégrante d’un enseignement émancipateur, contre une vision utilitariste de l’école qui se limite à l’enseignement des supposés fondamentaux. Elles nécessitent une formation initiale et continue importante et la professionnalité des enseignant-e-s qui les dispensent ne peut être foulée aux pieds de cette manière.
Ce transfert de compétences est de plus une menace contre les garanties statutaires. L’avenir du corps des professeur-e-s d’EPS est particulièrement concerné, dans le cadre qui se dessine d’un remplacement l’EPS par les clubs de sports. Celui des enseignant-e-s artistiques l’est aussi. Au-delà, avec la perspective d’une articulation du temps éducatif entre enseignements scolaire le matin et activités prises en charge par les collectivités l’après-midi, c’est bien une attaque d’ampleur contre les obligations de service qui s’annonce.
Enfin, il s’agit d’une nouvelle étape dans la territorialisation de l’école, qui va aggraver les inégalités scolaires. En effet, le transfert de compétences annoncé va creuser l’écart entre les collectivités en terme d’offre de formation. Si les enseignements sportifs et artistiques sont pris en charge par les collectivités, il est certain qu’ils ne seront pas de même qualité entre une collectivité riche et une collectivité pauvre : il est d’ores et déjà certain que la compensation envisagée par le ministère ne couvrira pas la dépense des collectivités. Encore une fois, ce seront les enfants des milieux populaires et des espaces ruraux qui en feront les frais.
Reprise des mobilisations
Le nouveau gouvernement Castex poursuit sa politique libérale, sécuritaire et réactionnaire. Et voilà ce qui nous attend en cette début d’année : retour de la réforme des retraites accompagnée de la suppression des régimes spéciaux, une réforme de l’assurance chômage, des variations sur le thème du « travailler plus » si cher à nos dirigeants depuis des décennies, la poursuite de la casse des services publics accompagnée de baisses d’impôts pour les entreprises privées et d’exonérations de cotisations patronales, une amplification du discours sécuritaire donnant de plus en plus de pouvoirs aux forces de « l’ordre » tout en stigmatisant les quartiers populaires…
Pas trop de quoi se réjouir !
Pas de trêve ? Donc pas de confinement pour la mobilisation ! L’intersyndicale nationale dont fait partie Solidaires appelle à une journée de mobilisation afin de lutter pour un monde social, féministe et écologiste. En attendant l’appel de l’intersyndicale éducation du 31, voilà l’appel à la grève et à la manifestation pour le 17 septembre :
https://solidaires.org/Le-chemin-de-la-lutte-passe-par-le-17-septembre
Au Kurdistan, la Turquie continue sa guerre contre l’autodétermination du peuple kurde.
L’enseignant Abdulkhaliq Abdulrahman, assassiné par des bombardements turcs au Başûr, province autonome du Kurdistan (Irak)
Le 19 août 2020, Abdulkhaliq Abdulrahman, enseignant âgé de 60 ans de la région de Kani Masi près de Duhok dans la province autonome du Kurdistan (Irak) a été assassiné par des bombardements turcs. C’est la 7e victime civile depuis que la Turquie a entamé une campagne militaire contre le PKK au nord de l’Irak, au mépris de tout respect des lois et frontières internationales. Les drones et les avions de chasse turcs bombardent les villages, blessant et tuant les habitant-e-s et occasionnant de gros incendies. Ces attaques s’inscrivent dans la continuité des actions de l’état turc pour écraser les forces luttant pour l’autodétermination du peuple kurde.
SUD éducation adresse ses condoléances à la famille de Abdulkhaliq Abdulrahman, réaffirme son soutien à l’autodétermination du peuple kurde, et appelle les organisations syndicales et internationales à dénoncer la sale guerre menée par la Turquie.
Adhérer à Sud Education 31-65: le nouveau bulletin est arrivé: