Communiqué de la fédération des syndicats Sud Education du 17/05
Les 11 et 12 mai les élèves de terminale passaient leurs épreuves écrites nationales pour les deux spécialités qu’ils ont choisies. Chacune de ces épreuves est dotée d’un coefficient 16 dans la note finale. Après deux années de pandémie ayant conduit à un passage au contrôle continu, c’est la première fois que ces épreuves emblématiques de la réforme du bac Blanquer ont effectivement lieu. Les sujets donnés dans de nombreuses matières confirment les craintes des enseignant⋅es et des élèves exprimées depuis plus de trois ans à propos de cette réforme.
Les difficultés d’organisation liées à ces épreuves révèlent d’abord l’absurdité du bac Blanquer. Les élèves pouvant théoriquement combiner comme ils et elles le souhaitent les douze spécialités possibles, et les épreuves ayant lieu au cours de l’année scolaire, il faudrait banaliser au moins douze demi-journées de cours pour que tous les élèves d’une même spécialité composent sur le même sujet. Ce n’est pas le choix qui a été fait cette année, de sorte que pour chaque spécialité les élèves pouvaient passer l’épreuve soit le 11, soit le 12, avec des sujets différents pour chaque jour. Or dans plusieurs disciplines (Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques, Mathématiques, SVT, Humanités, littérature et philosophie…) des sujets de difficulté différente entre les deux jours ont été distribués, conduisant à une rupture d’égalité des candidat⋅es.
Un cas a déjà été amplement discuté depuis sa publication : c’est celui du second sujet de Sciences économiques et sociales (SES). Les élèves ont en effet découvert des sujets bien différents de ceux qui étaient proposés à celles et ceux qui avaient composé le jour précédent. Ainsi, ils et elles avaient le choix entre un sujet de dissertation très descriptif, sur les mécanismes du commerce international, et des sujets d’épreuve composée comprenant les questions, ou plutôt les affirmations suivantes :
À partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance.
À l’aide d’un exemple, vous montrerez que l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut produire des effets pervers.
Vous montrerez que l’approche en termes de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remise en cause.
Ces questions relèvent d’un déséquilibre idéologique en faveur du libéralisme économique. Elles sont produit d’un programme déjà orienté en ce sens, le contenu des programmes étant l’une des raisons du rejet de la réforme Blanquer du bac par les personnels.
Ces sujets focalisent l’attention des élèves sur une dimension des problèmes soulevés qui prise isolément conduit à des impasses, comme c’est le cas à propos de l’innovation et de l’urgence climatique.
SUD éducation exige que les élèves qui auront discuté les présupposés du sujet ne soient pas sanctionnés.
C’est bien ce gouvernement qui œuvre contre la justice sociale : criminalisation des chômeuses et chômeurs, paupérisation des classes les plus défavorisées aggravée par la casse des services publics, inégalité environnementale et mépris des enjeux écologiques au regard de l’urgence climatique. Face à lui, nous continuerons de défendre une école émancipatrice, critique, qui prépare les jeunes aux défis sociaux et environnementaux qu’ils auront à affronter.
SUD éducation revendique le retour à des épreuves finales rassemblées en fin d’année, sur un nombre de jours suffisant pour que tous les élèves d’une même spécialité composent sur le même sujet. Pour cette session qui essuie les plâtres, elle exige des consignes de bienveillance pour les corrections.