D’après un rapport de la cour des comptes (disponible ici), en 2022, l’État a financé a hauteur de 8 milliards d’euros l’enseignement privé qui est à 96 % catholique. Cela représente en moyenne 55 % du budget des écoles primaires privées et plus de deux tiers du budget des établissements du secondaires.
Il est inutile de rappeler que ces établissements encouragent un séparatisme social grandissant ; le nombre d’élèves issu.es de milieux très favorisés est en nette hausse tandis que la part d’élèves boursiers diminue. De par son financement, contraire à l’article 2 de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, le gouvernement encourage ce séparatisme social !
A côté de ça, ce même État en manque d’autorité (après les grosses grèves contre la réforme des retraites, les actions écologistes des soulèvements de la terre et la révolte des quartiers populaires consécutive au meurtre de Nahel) tente de se réaffirmer avec l’interdiction de l’abaya.
Bien sûr, nous ne sommes pas dupes, le martèlement de cette fausse actualité et son omniprésence dans les médias servent avant tout à détourner des véritables problématiques dans l’Education Nationale (contractualisation, précarité, postes non-pourvus, salaires, conditions de travail…) mais cela met en lumière le racisme patent de l’État et en particulier son islamophobie.
Premièrement, l’État se permet de définir le caractère religieux d’un habit. C’est une nouvelle entorse au principe de séparation de l’Église et de l’État.
Ensuite, il s’est avéré que les critères ayant mené à l’exclusion des jeunes filles aux portes des établissements sont des plus vagues. Certaines ont été exclues pour d’autres tenues que des abayas et toute jeune fille non racisée a pu entrer en classe même avec des robes longues (impossible à distinguer de l’abaya). Le critère n’est pas vestimentaire mais sur la « musulmanité » réelle ou supposée des élèves.
Aussi, la médiatisation de cette chasse aux sorcières a conduit à des interrogatoires hallucinants dans les médias. Olivier Truchot mène sur BFM TV un interrogatoire aux relents sexistes et racistes ignobles en demandant à une élève pourquoi elle souhaite « cacher ses formes ».
Enfin, quand bien même le port de l’abaya serait un danger pour l’humanité, seulement 67 jeunes filles (sur 12 millions d’élèves) se sont vues refuser l’accès à leur établissement par l’inquisition antimusulmane d’Attal. C’est quand même peu « rentable » pour quelque-chose qui n’a jamais été un problème auparavant. D’autant plus qu’il y a quelques mois, la plupart des gens n’avait jamais entendu parler d’abaya ni n’avait de lien entre la tenue et la religion. Ce serait bien marrant un retour de bâton en mode effet Streisand !
Finalement, ce n’est pas par « laïcisme » (le financement des écoles privées catholiques nous rappelle que l’État n’a pas de leçon de laïcité à donner) qu’Attal s’est lancé dans cette croisade. Les raisons sont toutes autres :
– raciste (en ciblant les élèves supposées musulmanes)
– liée à un colonialisme intérieur (le désir de contrôler et persécuter une frange de la population)
– sexiste (c’est une obsession de longue date cette obsession du contrôle du corps des femmes par l’institution : crop-top, burkini, voile, torse nu, abaya)
– autoritaire (après les nombreuses remises en question de l’autorité de l’État : mouvement social, lutte écologiste, soulèvement des quartiers, l’État assouvi son manque d’autoritarisme sur quelques jeunes filles)
C’est à l’État d’être neutre envers les religions pas aux individus !
Petit rappel en passant : l’interdiction de l’abaya repose sur une simple circulaire : elle n’a pas force de loi. Par contre, les familles des filles exclues pourraient se retourner contre les établissements en faisant valoir le droit à l’éducation qui, lui, est dans le code de l’éducation et dans la déclaration des droits de l’enfant ! Enfin, rappelons le préambule du plus haut texte existant pour une nation : la constitution. Dans son préambule, il est inscrit « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. » Une circulaire n’est pas la loi, il n’existe pas de loi interdisant l’abaya. Ces jeunes filles ne sont-elles pas des citoyennes ?…
En bonus, l’article de la fédé : ici