Non aux évaluations d’écoles !
Encore une facette de cette loi « de l’école de la confiance » qui n’est en réalité qu’un ramassis de mesures de contrôle et de coercition. Parmi celles-ci les fameuses évaluations d’école. L’intersyndicale du 31 a publié un communiqué appelant à s’y opposer, on vous en parlait la semaine dernière : ici. Des perspectives de refus commencent à voir le jour chez les collègues ; notamment avec un appel signé par les écoles de la circonscription de Lanta : ici.
La fédération des syndicats SUD Education vient de publier dans un cadre intersyndical (avec le SNUipp, la CGT, le SNALC et le Snudi FO) le communiqué suivant :
Arrêt immédiat des évaluations d’école ! – Communiqué SUD-SNUipp-CGT-FO-SNALC
À l’initiative du Conseil d’Évaluation de l’École, instance créée par la loi « pour une École de la confiance », une expérimentation d’évaluation des écoles a débuté au premier trimestre 2021, après celle instaurée dans le second degré. À compter de la rentrée 2022, le ministère prévoit la généralisation de ce dispositif, à raison de 20% des écoles par an.
Cette évaluation des écoles se fait en deux temps distincts. Une première phase, réalisée au sein même de l’école, doit permettre aux personnels, aux élèves, aux familles, aux personnels territoriaux, d’évaluer l’école et son fonctionnement. La seconde phase, à partir de la synthèse de la première phase, est une évaluation externe (par un groupe constitué par la DSDEN) qui devra contrôler les données recensées, évaluer également la situation pour produire un document évaluatif final et des recommandations à mettre en place pour « améliorer le système » …
L’objectif est bien de s’appuyer sur ces dernières afin de réécrire et réorienter le projet d’école. Nos organisations alertent sur le risque que les équipes se voient dorénavant imposer leurs axes de travail par les conclusions du rapport d’évaluation. C’est une nouvelle étape de tentative de mainmise de la hiérarchie sur les équipes, sur leur fonctionnement, sur leur expertise et professionnalité. C’est inacceptable.
Ce nouveau dispositif lie acquisitions et résultats des élèves aux pratiques professionnelles, tout en s’intéressant aux temps scolaire et périscolaire et au fonctionnement de l’école. Il ne peut ni constituer ni participer à l’évaluation des personnels, qui doit rester de la seule compétence de l’IEN.
La participation des collectivités constitue un risque d’ingérence et une nouvelle forme de territorialisation. Les questionnaires « type satisfaction » distribués aux parents et aux élèves transforment leur rapport au service public d’Éducation, rapport qui s’apparente à celui entre prestataire et un client.
Les organisations syndicales SNUipp-FSU, SNUDI-FO, CGT-Educ’action, SNALC, Sud-Éducation s’opposent au pilotage par les résultats qui ont pour conséquence la mise en concurrence des écoles. Ce dispositif vient considérablement alourdir la charge de travail des personnels des écoles, particulièrement pour les directrices et directeurs, qui se retrouvent au centre d’un dispositif qui n’est pas souhaité. Il constitue une marche supplémentaire dans la généralisation du « tout évaluation » dans l’Éducation nationale, via une évaluation et d’un contrôle plus strict des écoles. Par ailleurs, les évaluations d’école ne doivent pas être le prétexte pour instaurer la rémunération au mérite.
Pour améliorer le fonctionnement des écoles, nos organisations considèrent que le ministère devrait plutôt créer en urgence les postes nécessaires, s’assurer de recrutements en conséquence et d’un plan de titularisation des contractuels, assurer une véritable formation initiale et continue, améliorer les conditions de travail et d’étude et augmenter les salaires.
Les organisations syndicales SNUipp-FSU, SNUDI-FO, CGT-Educ’action, SNALC, Sud-Éducation soutiennent tous les personnels qui subiraient des pressions pour les contraindre à accepter les évaluations d’école et mobiliseront pour faire stopper ces pressions ou sanctions.
Les organisations syndicales SNUipp-FSU, SNUDI-FO, CGT-Educ’action,SNALC, Sud-Éducation demandent l’arrêt définitif de ces évaluations d’écoles, qui ne répondent en rien aux besoins des personnels des écoles. Il est urgent de sortir de la logique du « tout évaluation » pour reconstruire des collectifs de travail abîmés par l’autoritarisme ministériel, en leur redonnant du temps pour travailler ensemble et se former.
Paris, le 28 juin 2022
Les AED qui ont 6 ans d’ancienneté doivent être CDIsé.es !
Ce mercredi 6 juillet, comme nous nous y attendions, le ministère de l’éducation nationale a présenté le projet de décret de CDIsation des assistant·es d’éducation (AED, AP et APS) au Comité technique ministériel (CTMEN).
Ce projet de décret modifie le décret du 6 juin 2003 fixant les conditions de recrutement et d’emploi des AED pour y introduire la possibilité de CDIsation. Il est pris en application de l’article 10 de la loi n°2022-299 du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire, qui modifie l’article L. 916-1 du Code de l’éducation. Il faut désormais attendre sa publication au Journal officiel pour sa mise en application.
Que prévoit le décret ?
- au terme de 6 années de CDD, le contrat est renouvelé en CDI ;
- le contrat en CDI est conclu par le·la recteur·trice d’académie, qui devient l’employeur (en CDD l’employeur reste le ou la chef·fe d’établissement) ;
- les contrats CDD peuvent être conclus pour une durée de 3 ans, renouvelable une fois (ce qui était déjà le cas) ;
- un entretien professionnel aura lieu tous les trois ans ;
- un ré-examen de la rémunération pour les AED en CDI aura lieu tous les trois ans également ; un arrêté relatif à la rémunération des AED devrait également être publié prochainement ;
- les AED en CDI ne pourront plus bénéficier du crédit d’heure formation pour les étudiant·es.
Le décret entrera en vigueur au 1er septembre 2022. Cependant, il est précisé que les AED ayant atteint 6 années de CDD pourront être CDIsé·es y compris s’ils·elles ont exercé leurs 6 années avant le 31 août 2022.
Par mesure dérogatoire et provisoire, les CDI signés entre le 1er septembre et le 31 décembre 2022 pourront être gérés financièrement par un établissement mutualisateur.
Localement, ça donne quoi ?
La CDIsation n’est désormais plus une hypothèse ou une probabilité. Les AED ayant 6 années d’ancienneté doivent donc pouvoir y accéder dès le 1er septembre 2022 ! En cas de refus de renouvellement du contrat en CDI, les chef·fes d’établissement doivent justifier leur décision. Quel que soit leur situation, nous invitons les AED concerné·e par la CDIsation à contacter très rapidement le syndicat SUD éducation de leur département pour assurer le suivi et la bonne application des textes.
L’analyse de SUD Education
Tout d’abord nous tenons à rappeler que cette CDIsation n’est pas un cadeau du ministère, mais le fruit du rapport de force instauré par la mobilisation des assistant·es d’éducation ces deux dernières années. Si elle représente une avancée sociale et syndicale certaine, elle ne répond pas à nos exigences syndicales : CDIsation ne signifie pas titularisation, les conditions salariales restent désastreuses, la formation inexistante et les conditions d’emploi précaires.
Les chef·fes d’établissement pourront toujours imposer des quotités de travail incomplètes, et agiter la menace du non-renouvellement pour exercer une pression sur les collègues qui l’ouvrent un peu trop pour dénoncer leurs conditions de travail et l’autoritarisme.
Ce pouvoir des chef·fes risque de se voir renforcé avec la mise en place d’entretiens professionnels qui conditionnent la revalorisation salariale. Par ailleurs, aucun droit à la mobilité n’est pour l’instant prévu, à l’intérieur d’une académie comme d’une académie à l’autre.
Et la prime REP ?
Le 12 avril 2022, SUD éducation a gagné un recours au Conseil d’État : les assistant·es d’éducation exerçant en éducation prioritaire doivent percevoir l’indemnité REP/REP+. Cette décision met fin à une injustice qui perdure depuis trop d’années, plus de 8 000 collègues sont ainsi concerné·es ! Dans sa décision, le Conseil d’État a enjoint au ministère de prendre un décret pour l’application de cette décision dans les 6 mois. SUD éducation continue d’interpeller le ministère pour que cela soit effectif dès le 1er septembre 2022.
Assistant.es d’éducation : les bahuts ne fonctionnent pas sans nous !
C’est pourquoi nous ne nous contenterons pas de cette CDIsation. Cette première avancée ouvre des perspectives et doit constituer un point d’appui pour les luttes futures. La mobilisation inédite de ces dernières années doit se poursuivre pour gagner un véritable statut de la fonction publique, des augmentations de salaire, un droit à la formation… SUD éducation y œuvrera, aux côtés des collectifs locaux d’AED que nous appelons à renforcer dès la rentrée.
SUD éducation revendique pour les AED :
- la titularisation sans condition de concours, d’ancienneté ni de nationalité de tou·tes les AED par la création d’un métier d’éducateur·trice scolaire ;
- l’augmentation des salaires avec une grille de progression salariale à l’ancienneté ; un salaire minimum à 1850 euros nets ;
- la baisse du temps de travail ;
- la suppression du forfait nuit en internat ;
- la création d’une brigade de remplacement dans les départements pour assurer les remplacements ;
- le recrutement massif de personnels AED et la fin du recrutement par les chef·fes d’établissement : pour un recrutement académique ;
- un droit à la mobilité, interacadémique et intra-académique
- l’accès à une formation initiale et continue.
Tribune – Le Service National Universel : un dispositif radicalement opposé aux intérêts de la jeunesse
« En marche » poursuit sa route vers toujours plus de sécuritaire et de militarisme. Après avoir placé sous co-tutelle du ministère des Armées le secrétariat à la jeunesse (voir cet article de Contre-attaque : https://contre-attaque.net/2022/07/06/en-marche-au-garde-a-vous-militarisme-a-tout-va/ ), le gouvernement de Macron, empreint d’autoritarisme, poursuit la mise en place du SNU. Une tribune a été publiée regroupant des individus ainsi que les organisations membres du collectif « Non au SNU » :
Rappelons le 4 pages « Armée – Ecole » publié récemment par SUD Educ 31-65 :
A Alès, la maltraitance institutionnelle pousse un collègue à quitter l’Education Nationale
Après la mise en place des postes de GS, CP et CE1 dédoublés, la hiérarchie en a profité pour en faire des postes à profils. Moyen détourné pour placer ses pions, les postes à profil existent au mépris du mouvement et du barème des enseignant.es et favorisent le népotisme qui conduit la hiérarchie à placer ses petit.es soldat.es dans les écoles afin d’en prendre le contrôle.
Dans l’école REP+ Louis Leprince-Ringuet d’Alès, Maxime Tatry enseignait depuis 16 ans en GS et avait la charge de la direction d’école mais suite à un entretien de 15 minutes avec la hiérarchie, il se voit déplacé de son poste sous prétexte qu’il ne connait pas assez bien Eduscol ! 15 minutes d’entretien avec des gens qui ne côtoient même plus d’élèves suffisent à balayer 16 ans de pratique professionnelle, de travail pédagogique et d’équipe et de tissage de liens avec les parents.
Comme si cela ne suffisait pas, l’inspectrice s’embourbe encore un peu plus dans l’indignité en portant plainte contre Maxime pour « harcèlements et outrage »… Bien entendu, l’affaire n’est même pas instruite judiciairement car ne reposant sur rien. Mais c’en est trop pour Maxime qui décide de faire une rupture conventionnelle pour s’extirper de cette ambiance délétère orchestrée par une hiérarchie malveillante.
Nous nous devons de faire bloc et être solidaires entre nous car en face, nous avons des chef.fes solidaires entre elleux, qui se couvrent et s’encouragent dans la malveillance et la maltraitance.
Quelques articles sur cette histoire :
Les bonnes nouvelles de la semaine
Bon, tout n’est pas brun non plus en ce moment et quand notre camp gagne quelques petites victoires, il faut s’en réjouir et les publiciser !
Suite à l’affaire Benalla, l’Etat a tenté de mettre la pression à Mediapart en ordonnant une perquisition dans leurs locaux. Perquisition qui selon le tribunal de Nanterre n’était « ni nécessaire dans une société démocratique, ni proportionnée à l’objectif poursuivi » et condamne l’Etat à verser 10 000 euros à Mediapart en frais de justice.
Autre victoire, en Lorraine, la détermination et la solidarité de classe a permis que la cour de cassation casse le jugement du tribunal de police sur les amendes qu’avaient reçues les membres de la chorale révolutionnaire. Voici le communiqué qu’a publié SUD Education Lorraine :
On a gagné ! Merci !
Venez partager en toute sororité, fraternité cette victoire pour notre classe !
Verbalisé·e·s 135 euros le 23 mai 2020 lors d’une répétition revendicative alors que nous répondions à l’appel au déconfinement des colères et que nous affichions l’urgence de défendre les services publics, nous ne nous sommes pas laissé·e·s faire. Comme nous refusions de payer, des convocations au tribunal de police ont suivi de janvier à octobre 2021 et nous avons été condamné·e·s à des amendes de 11 à 135 euros.
Nous n’avons rien lâché grâce à la solidarité de tous nos soutiens, grâce à vous, et nous avons gagné en cassation.
La cour a cassé le jugement du tribunal de police créant ainsi une jurisprudence : participer à une manifestation non déclarée n’est pas condamnable ni verbalisable.
Nous avons gagné ! Cette victoire nous appartient à tou·te·s : choristes révolutionnaires, avocat·es, associations, syndicats, partis politiques, collectifs gilets jaunes et autres collectifs et, au delà, cette victoire appartient à chaque individu attaché à des valeurs communes d’antifascisme et de liberté.
Rendez-vous le mercredi 6 juillet dès 18h à l’Esplanade, à Metz, près du tribunal pour un rassemblement festif et antifasciste. Venez nombreux·ses, partageons, crions cette victoire qui est le fruit de la solidarité de notre classe.
Merci.
Les choristes révolutionnaires